Le Collectif "20 ans barakat"                  

 

07/04/04 sur RTL

Femmes d'Algérie

En direct d'Alger, Isabelle Dath évoque le statut de la femme, thème primordial dans les élections présidentielles de jeudi.

Vous savez que par rapport aux autres pays du Maghreb, l'Algérie a un retard considérable à combler, alors que les femmes représentent 52% de la population. En fait, la situation est ici assez paradoxale. Au regard de la loi, la femme est une citoyenne à part entière. La preuve : pour la première fois, une femme est candidate à la présidence de la république. Dans l'absolu donc, elle peut être élue à la magistrature suprême, députée ou ministre, mais dès que l'on touche à la sphère privée, vous replongez dans le Moyen-âge. Le code de la famille, inspiré de la charia, adopté en 84 comme un cadeau aux islamistes, fait d'elle, une mineure à vie. Elle ne peut se marier, et cela quel que soit son âge, sans le consentement d'un tuteur. La polygamie, jusqu'à 4 épouses, est légale, la répudiation aussi. En cas de divorce, elle n'a aucun droit si ce n'est celui de se retrouver à la rue, même si elle a obtenu la garde des enfants. J'ai rencontré une femme qui pour abréger une séparation longue et douloureuse, a fini par demander au juge de fixer le prix de son affranchissement, comme une esclave, une marchandise.

Il existe une politique d'embrigadement ?

Oui, depuis les années 70, les islamistes, et notamment les frères musulmans égyptiens, se sont immiscés dans le système scolaire notamment dans les quartiers populaires, pour toucher les plus jeunes. Le nombre de petites filles portant le hidjab a augmenté parce qu'on leur présente cela comme une obligation religieuse. Une militante pour le droit des femmes m'a raconté une histoire à peine croyable : après le tremblement de terre en mai dernier, les marchands de voile se sont trouvés en rupture de stocks parce qu'on a dit que le séisme était une punition de dieu à cause des femmes qui se tenaient mal. Et puis le vote de la loi sur l'interdiction du voile en France a également eu un effet incitatif, réactif disons, sur les jeunes algériennes.

L'élection va-t-elle changer quelque chose ?

Les deux principaux candidats se sont engagés, non pas à abroger, mais à amender, le code. Le président Bouteflika a mis sur pied une commission qui a fini son travail. Mais le collectif des femmes "20 ans barakat", "20 ans ça suffit", ne croit plus aux promesses. Elle n'y voit qu'une démarche électoraliste. Mais une ministre de l'actuel gouvernement m'affirmait hier qu'en cas de réélection, Bouteflika irait jusqu'au bout, quitte à faire passer le projet par ordonnance pendant les vacances d'été des parlementaires. A leur retour, ils n'auraient plus le choix qu'entre l'adopter ou le rejeter en bloc, sans amendement possible. En cas de refus, Bouteflika pourrait dissoudre l'assemblée en espérant par la même occasion se reconstituer une majorité à sa main. C'est ce qui s'appelle faire d'une pierre deux coups.

 

 

 

 

 

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