Collectif 20 ans barakat |
Monsieur
le Président de la République Les
femmes Algériennes ont de tout temps été présentes aux rendez-vous de
l’histoire de notre peuple. Pendant la guerre de libération, elles ont bravé
les mentalités rétrogrades et les interdits pour participer aux combats. Pendant
les années noires du terrorisme, elles ont résisté à l’obscurantisme et
aux atteintes à la liberté et la démocratie. Beaucoup
de peuples ont admiré le courage de celles qui se sont battues pour une société
libre et démocratique au prix de leur vie. Mais dans leur propre pays la législation
les humilie et les discrimine. Faut-il
vous rappeler, Monsieur le Président, ces dispositions du Code qui font que les
femmes ne peuvent se marier librement, qu’elles n’ont pas droit au divorce,
qu’elles peuvent être mises dehors avec leurs enfants quand le mari décide
de divorcer, que chargées d’élever les enfants, elles en ont les obligations
mais non les droits puisqu’elles ne peuvent ni partager l’autorité
parentale, ni avoir une part égale à l’héritage ? Nous,
femmes algériennes vivant en France, nous subissons aussi les retombées de ce
Code de la famille et refusons cette sous-citoyenneté. Depuis
les premiers projets de Code, les femmes ont dit leur opposition à ce texte.
Vous n’ignorez pas leurs mobilisations pour se faire entendre au fil des années,
malgré les interdictions et la censure. Malgré
leur promesse, les gouvernements qui se sont succédé n’ont pas voulu
entendre les revendications des femmes. La
Tunisie a depuis longtemps reconnu un statut de citoyennes aux femmes, le Maroc
a modifié la législation en janvier 2004. L’Algérie est le dernier pays du
Maghreb à maintenir un code discriminatoire et humiliant pour la moitié de la
population, en contradiction avec la Constitution qui stipule l’égalité des
citoyens « sans discrimination de sexe, de race ou de religion ». Nous,
associations de femmes dans l’émigration, nous avons décidé de rejoindre
les associations de femmes en Algérie pour dire avec elles " 20 ans
barakat ". Ce Code ne doit pas survivre à l’année 2004. Vous
avez affirmé lors de votre prestation de serment : « Nous ne pouvons
pas accepter que la femme algérienne soit soumise à un statut qui porte
atteinte à ses droits et la condamne à une condition inférieure à celle de
l’homme. » Le
Code de la famille contribue en outre à renforcer les « montagnes
de préjugés et d’interdits » que vous évoquiez. Il faut une loi
qui conduise vers le progrès de la société, son équilibre et l’harmonie
dans les relations familiales. L’égalité entre citoyens inscrite dans la
Constitution algérienne est un principe fondamental de l’Etat de droit. Il ne
souffre pas de négociations ni de temporisation. Monsieur
le Président, nous vous demandons de mettre en œuvre votre pouvoir pour que le
Code soit abrogé, que des lois égalitaires soient promulguées afin que les
Algériennes soient enfin des citoyennes à part entière. Monsieur le Président, le moment est venu de tenir votre promesse et de dire avec nous « le Code de la famille, 20 ans barakat ». |