Collectif 20 ans barakat

 

Le matin : Année 2004

Le Matin le 10 janvier 04

Le chaâbi contre le code de la famille
26, prose combat

Les revendications féminines peuvent mener à tout, jusqu'à la chanson. C'est ce qui est arrivé à l'association Achrine sna barakat (20 ans Barakat). Engagée de l'autre côté de la Méditerranée pour une citoyenneté sans demi-mesure pour les femmes, elle part cette fois-ci en musique contre le code de la famille. Loin derrière sa voisine tunisienne, bientôt distancée par la femme marocaine, l'Algérienne traîne encore le boulet d'un code qui la range indéfiniment dans le mode mineur, depuis 1984.
Mais c'est dans un accord majeur que des femmes d'ici et d'ailleurs se sont réunies pour détourner le chaâbi, genre populaire éminemment masculin, vers des voies inattendues. Dans un studio en France, elles ont décidé l'été dernier de porter le chant de toutes les femmes qui voudraient changer de registre et effacer les complaintes.
Une action chorale, qui a réuni des voix et pas des moindres. La Saharienne Aïcha Lebgaâ, la diva du blues Hasna El Becharia, Keltoum El Aurassia, la guitariste ibéro-andalouse Samia Diar, la berceuse Zohra N'soumer, Djura Mais aussi deux femmes au caractère bien trempé, aussi à l'aise derrière un micro que devant une caméra. Deux voix singulières, celles de Fettouma Ousliha et de Biyouna, une femme qui a beaucoup souffert, une femme qui ne veut plus souffrir.
A côté des Algériennes, d'autres « copines » sont venues grossir les rangs et donner du volume au refrain repris en chur. L'Argentine Barbara Luna, la Gabonaise Annie Flore Batchiellilys, qui mêlent leurs superbes voix à celles de Israhn, Faraka, sur une trame chaâbi. Chacune apporte sa couleur, tonalité africaine, envolée chaouie, échappée salsa, tempo hip-hop. Toutes les musiques sont déclinées pour la bonne cause. Sur une multitude de cordes et quelques incursions de cuivre, elles tentent de casser le mur du son et sur un texte engagé, « dégager » un code qui a mis des barreaux à l'horizon des femmes.
Elles sont 26 au total à interpeller le juge dans les trois langues arabe, française et tamazight, Wach dak yal Qadi ?, rejointes par Akli D., Bazou et Inaslyen.
« Ô juge qu'est-ce qui t'a pris ?/ Pourquoi as-tu peur de moi ?/Je suis debout en toute saison/ Mes paroles sont sans venin ». Seulement voilà, le refrain sonne comme une supplique non comme une exigence, l'initiative perd de son mordant devant le politiquement correct et la revendication ramollie et s'étouffe dans le consensus musical (par ricochet social).
Disponible en France depuis décembre dernier, le CD est aujourd'hui en Algérie, distribué par le jeune label Belda Diffusion, et diffusé sur les ondes de la Radio algérienne.
Produit par l'association 20 ans Barakat, le disque a bénéficié de la générosité de Fonds de solidarité pour les luttes de libération sociale dans le tiers-monde (SoliFonds), The Global Fund for Women, Droits et démocratie, tout un chapelet d'associations et d'organisations non gouvernementales.
Yasmina Belkacem

Wach dak yal qadi, CD produit par l'association 20 ans Barakat, distribué par Belda Diffusion
Yasmina Belkacem

 

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Le 8 mars 04

« Vingt ans barakat ! », une campagne contre le code de la famille

Les associations féminines algériennes et maghrébines (Maghreb Egalité), appuyées par Amnesty International et l'ONG américaine National Democratic Institute for International Affairs (NDI), ont animé hier une conférence de presse au siège du MDS pour relancer la campagne de sensibilisation contre le code de la famille et présenter une alternative à ce texte. L'opération « Vingt ans barakat ! » bouclera sa première année ce jeudi.
Faisant coïncider cette sortie avec la journée internationale de la femme, les associations féminines ont encore appelé à l'abrogation de cette loi. Voté le 27 juin 1984 par l'APN, alors présidée par Abdelaziz Belkhadem, aujourd'hui ministre des Affaires étrangères et chef de file du mouvement des redresseurs, le texte a bouleversé les relations familiales et les valeurs de la société algérienne. Les pleins pouvoirs accordés aux walis (tuteurs) ont davantage fragilisé la femme. Célibataire, elle demeure sous l'autorité de l'homme le plus proche de la famille. Mariée, l'unique recours pour elle et ses enfants est souvent la rue lorsqu'ils deviennent indésirables. Divorcée, elle peut réclamer et obtenir le droit de garde mais n'exerce aucune autorité administrative sur ses enfants.
Pour parer à l'argument du vide juridique que provoquerait l'abrogation de ce code, les associations féminines ont présenté une alternative construite sur la base du droit positif. Les juristes de Maghreb Egalité proposent
les « 100 mesures et dispositions » de nature à soustraire le statut de la femme du régime spécial qui est le sien. Cependant, les associations refusent de le soumettre aux législateurs ni à aucun représentant du pouvoir.
« Nous préférons interpeller la population car les législateurs ne nous écoutent pas », explique Yasmina Chouaki de l'association Tharwa Fadhma n'soumer. Le collectif associatif choisit donc de cibler la société en lui donnant l'information et l'outil qui l'aideront à faire pression sur les législateurs.
Pour contourner la difficulté de la communication avec les autorités et les institutions, les associations organisent à travers la campagne « Vingt ans barakat ! » (www.vingtansbarakat.org) des ateliers d'écriture pour les enfants de 7 à 14 ans autour des thèmes de la citoyenneté et de la famille. Mais pour le moment, l'initiative n'a trouvé d'animateurs que dans la ville d'Alger et dans le village de Tigzirt (Tizi Ouzou). Le programme s'appuie également sur un guide scolaire destiné aux enseignants et dédié à la promotion extrascolaire de la citoyenneté.
Le bilan de la première année de la campagne contre le code de la famille (lancée le 11 mars dernier) devrait être dressé dans les prochains jours, affirme Yasmina Chouaki. Elle indique déjà que le disque Ouach eddak ya el kadi, réalisé pour les vingt ans de lutte contre le code de la famille, a eu un succès inespéré. D'autant que, privé du visa de l'ONDA (office des droits d'auteur), il n'a pu être distribué dans le commerce. Produit par plusieurs organisations féminines algériennes, maghrébines et internationales, le disque a été vendu par des circuits détournés. Les recettes serviront à financer les actions de « Vingt ans barakat ! »
A l'occasion du premier anniversaire du programme de sensibilisation, jeudi prochain, les associations féminines et les ONG internationales remettront le prix de la meilleure affiche de campagne. L'exposition des uvres des concurrents et la cérémonie auront lieu au Centre d'information et de documentation aux droits de la femme d'Alger (Cidef).
Katia Debbouz

Le 8 mars 2004

Association féminine pour l'épanouissement de la personne et l'exercice de la citoyenneté (Afepec)
« Non au code inique ! »

L'Afepec célèbre la journée du 8 mars 2004 sous le signe de « non au code inique ! Pour un code de la famille à choix pluriel ! ».
Depuis 1984, date de promulgation du code de la famille, aucun changement n'est intervenu ni dans le sens de la révision ni dans le sens de l'abrogation. Mieux encore, il faut se rappeler que des ateliers mis en place par le gouvernement et regroupant pour la première fois des associations de femmes aux objectifs différenciés ont réussi à s'entendre sur un minimum de 22 articles à réformer, aucune suite. C'est, de fait, l'impasse.
La revendication « d'abrogation du code de la famille et l'instauration de lois civiles égalitaires » est portée haut depuis des années par une partie du mouvement des droits des femmes. Elle n'a reçu aucun écho auprès des premiers responsables de l'Etat. Mieux encore, une commission de travail et de réflexion sur le code la famille est mise en place sans aucune représentation des associations des droits des femmes.
Par ailleurs, la réalité sur vingt ans a changé. Les femmes ont gagné du terrain. Le refus de la prise en compte de cette réalité nous amène, face à l'impasse issue des positions de révision, d'abrogation ou de maintien en l'état du code de la famille, à proposer une quatrième alternative celle liée au choix du statut. C'est une solution pratique et démocratique qui mettrait en place un code de la famille inscrivant la règle du choix. Ce qui laisserait la liberté aux femmes et aux hommes de choisir le contrat par lequel ils désirent être régis.
La paralysie du Pouvoir face à la question du code de la famille peut être soignée en offrant la possibilité et l'opportunité à chaque femme de s'inscrire dans le cadre de référence qui correspond aujourd'hui le mieux à la position acquise sur le plan social depuis vingt ans.

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Le 08-03-2004

Famille codée

On se souvient de cette image retransmise en direct à la télévision. C'était en 1999 à Tizi Ouzou. Une femme a osé se lever dans la salle pour raconter, sans fard, ses conditions de vie. Le Président, pris de colère, la rabroue et lui intime l'ordre de reprendre sa place. 2002, des femmes de Hassi Messaoud ont été les victimes désignées de la vindicte islamiste et la justice fit le reste en 2003. De légères peines ont été retenues contre leurs agresseurs, enflammés par les prêches lancés des mosquées. 2004, hier, le Président-candidat a pavoisé sur un code de la famille qu'une commission obscure, installée avec empressement par ses soins hors du cadre des institutions de la République, veut expédier tel un « dossier » conçu, en ce terme, par le clan présidentiel. Cette commission « ad hoc » est soucieuse surtout de prêter allégeance à Bouteflika qui n'a eu de cesse d'accélérer les alliances avec l'islamisme armé dont les représentants, promus avec emphase aux premiers postes de responsabilité de l'Etat, bloquent et tuent dans l'uf, adeptes du FIS, tout germe d'ouverture du pays sur la modernité. Les partis islamistes qui soutiennent ou non le Président-candidat à la présidentielle s'opposent farouchement à l'abrogation du code de la famille comme élément constitutif d'un Etat de droit.
D'ailleurs, le collectif Vingt ans, barakat !, qui a organisé hier une manifestation, n'a pas manqué de dénoncer ce traquenard de plus, cette insulte de trop. Bouteflika, en semant la discorde dans tout le pays, en piétinant les lois de la République, s'apitoie sur le sort de la femme, use de ce ton condescendant, lui rend hommage pour sa participation à la guerre de Libération. Mais il n'y croit pas. Peu lui chaut le code de la famille, la liberté de la presse, le droit syndical et l'Algérie pour tout dire. Il rêve d'un harem du règne esclavagiste et est friand, certainement, de ces photos de femmes travesties par le colon. Les femmes victimes du terrorisme, celles exploitées par les barons de la rente, celles qui recherchent désespérément un boulot sans subir de harcèlements sexuels, celles enfin qui écrivent sans être éditées, savent que le discours de Bouteflika est une trahison à leur mémoire et à leur vie.
                                                                                                                   
Rachid Mokhtari

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Le 9 mars 04

La campagne Vingt ans
barakat ! poursuit ses activités

Dans le cadre des activités de la campagne « Code de la famille 20 ans barakat ! », le collectif d'associations (Collectif femmes MDS, Tharwa N'Fadhma N'Soumeur, association SOS Femmes en détresse, association Volonté initiative et engagement (VIE), Association défense et promotion des droits des femmes (ADPDF), Association indépendante pour le triomphe des droits des femmes, l'AITDF) a lancé un concours de la meilleure affiche sous le thème : « Rendre par le trait, l'image, la couleur le vécu des femmes algériennes au quotidien dans ses aspects discriminatoires sous-tendus par le code de la famille ». Une cérémonie sera donnée par les associations lors de la remise des prix aux lauréats du concours au Centre de documentation et d'information des droits des femmes (CDIDEF), jeudi 11 mars 2004 à 14 h (Sacré-Cur).

Programme
Chorégraphie danses folkloriques
Diffusion du clip Ouach edek ya el cadi
Prises de parole avec la salle
Remise des prix aux lauréats du concours de la meilleure affiche.
Collation

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Le 6 avril 04

Rassemblement algérien des femmes démocrates
Majeures pour les voix, mineures pour les droits !

«Notre pays se prépare à élire un Président. La campagne électorale nous renvoie les échos de promesses de toutes sortes. Comme d'habitude, les femmes en sont la cible. Quel sort va être réservé au code de la famille qui a survécu, inchangé, à maintes campagnes, promesses et velléités de changement ? Peut-on parler d'élections « démocratiques » lorsque, sorties de l'isoloir, les femmes redeviennent les mineures qu'elles n'ont cessé d'être depuis vingt ans. Sans les droits des femmes, sans justice, de quelle démocratie s'agit-il ? Puisqu'elles n'ont jamais été entendues par le passé, pourquoi nos voix compteraient-elles aujourd'hui plus qu'hier ? Promettre ou mentir est un exercice qui n'a jamais rien coûté aux pouvoirs successifs en Algérie depuis l'Indépendance. En moins d'une année, commissions et séminaires se sont penchés sur le code de la famille pour une hypothétique révision, sans aucun résultat tangible. Et pour cause. Combien de fois avant-nous entendu que les droits des femmes n'étaient pas une priorité. Mais ce qui est important aujourd'hui plus qu'hier, c'est de pouvoir tenir leurs voix pour mieux les détourner. Les droits des femmes peuvent attendre, la priorité étant toujours ailleurs. Un ailleurs qui fait de notre pays le champion du dégoût de vivre pour les jeunes, filles et garçons, qui n'ont qu'une envie : le quitter ou se suicider. Nous n'avons rien à attendre de ce pouvoir. Notre citoyenneté, nous l'avons conquise dans les maquis de la liberté face au colonialisme, dans notre résistance face à l'intégrisme, dans notre vie au quotidien face à toutes les difficultés et les adversités. Nous sommes citoyennes et revendiquons d'être reconnues comme telles par les lois de notre pays. Continuons ensemble d'exiger l'abrogation du code de l'infamie car aucun pouvoir ne nous fera de cadeau ! »


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le 19 avril 04

Dans son discours d'investiture
Bouteflika est resté vague sur ses intentions

Cinq points forts ont constitué l'essentiel du premier discours d'Abdelaziz Bouteflika, après sa prestation de serment : les leçons de l'élection présidentielle, la concorde civile, la poursuite des réformes et la relance économique, le code de la famille et les jeunes. Est-ce à dire que ces cinq points sur lesquels il a axé son intervention constitueront les priorités d'un programme à venir ? Peut-être. On observera, toutefois, qu'il a éludé les questions institutionnelles ­p; révision de la Constitution, nouvelle configuration politique, libertés de la presse et d'expression - qu'il avait pourtant abordées durant sa campagne électorale.
Tirant les enseignements de cette élection, le chef de l'Etat s'est borné à souligner qu'elle s'est déroulée en toute liberté, qu'elle a permis « une réelle mobilisation des citoyens », qu'elle a suscité « leur intérêt » pour les affaires du pays et, que surtout, elle a montré « l'aptitude des Algériens à s'accommoder de la démocratie » alors que par ailleurs, pour d'autres, « il a fallu des siècles d'apprentissage et de lutte avant de se doter de systèmes démocratiques ». Autrement dit, et contrairement à ce qu'il avait déclaré dans des entretiens aux médias occidentaux en 1999, où il assurait que les pays développés ont mis deux siècles pour acquérir la culture démocratique, les Algériens l'ont acquise en l'espace de cinq ans, sous son premier mandat ! Ceux qui s'attendaient à ce que Bouteflika annonce un renforcement du processus démocratique avec tout ce que cela implique en sont pour leurs frais. Sans qu'à aucun moment il n'ait cité ses adversaires, voire à leur rendre hommage ­p; parce qu'en acceptant de participer à ce scrutin, ils ont permis de légitimer son élection, il a préféré tenir des propos rassurants, calmant le jeu, suggérant de tourner la page. Les excès de langage ­p; dont lui-même a usé notamment contre la presse indépendante et les laïcs ­p; sont mis au compte du « tempérament » méditerranéen des Algériens ! Et que, désormais, il va falloir se « supporter » et « débattre en toute sérénité de nos divergences ». Comment ? Dans quel cadre, alors que par ailleurs le champ politico-médiatique est verrouillé ? Les Algériens ne le sauront pas.
Pour Bouteflika, la campagne électorale a également montré « que les préoccupations concernant la sécurité passent désormais au second plan », et ce, parce que le terrorisme a été « efficacement réduit à quelques poches de résistance » mais aussi grâce à la concorde civile (voir l'article d'Abla Chérif). Aussi se propose-t-il, sans donner d'indications précises, de « consolider les résultats de la concorde civile » qui, à ses yeux, doit déboucher sur une « véritable réconciliation nationale ».
Sur la nécessité de la poursuite des réformes et de la relance économique, Abdelaziz Bouteflika est resté plutôt prudent, se bornant à indiquer qu'il faut « préparer l'économie de l'après-pétrole ». N'écartant pas la privatisation, il a estimé qu'il « ne saurait s'agir de brader le patrimoine national » ou « dessaisir la puissance publique des intérêts stratégiques de la nation ». Toutefois, il n'a donné aucune indication claire concernant le projet de loi sur les hydrocarbures. Ce qui signifie que le pouvoir n'y a pas totalement renoncé. Concernant le code de la famille, il a affirmé que l'on ne peut pas « accepter que la femme algérienne soit soumise à un statut qui porte atteinte à ses droits et la condamne à une condition inférieure à celle de l'homme ». Soit. Mais là encore, il a fait montre de prudence, se contentant d'appeler les femmes à contribuer à la lutte pour leurs droits. En vérité, la démarche d'Abdelaziz Bouteflika lui interdit de satisfaire le droit des femmes à la citoyenneté parce qu'elle heurte de front son objectif de réconciliation nationale. Il va sans dire que les islamistes n'accepteront la réconciliation qu'à la seule condition qu'elle ne remette pas en cause leurs convictions politico-idéologiques, à commencer par le statut de la femme. Le MSP, qui fait partie de l'Alliance présidentielle ainsi que les « redresseurs du FLN », dont la composante est majoritairement islamo-conservatrice, sont on ne peut plus clair sur cette question : pas touche au code de la famille !
Sur la Kabylie, hormis un appel au dialogue, le chef de l'Etat n'a fait aucune proposition nouvelle susceptible de débloquer la crise. Quant à la jeunesse, s'il a consenti enfin à admettre qu'à l'heure de la mondialisation et d'internet, elle pense autrement que ses aînés, il va lui falloir rapidement répondre à ses attentes, parce que s'il y a une catégorie de la population qui ne croît plus au discours à connotation nationaliste, ce sont bien les jeunes. Une simple enquête démontrera rapidement que les 8 millions d'abstentionnistes sont majoritairement jeunes. En résumé, ce premier discours d'Abdelaziz Bouteflika risque de laisser cette majorité d'Algériens, en attente de décisions concrètes concernant l'avenir immédiat, sur leur faim.
                                                                                    

                                                                                         Hassane Zerrouky

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Le matin ( avril 04)

Amendement du code de la Famille 1 De la poudre aux yeux La nouvelle mouture du code de 'la famille sera bientôt présentée à l'Assemblée populaire nationale, a annoncé récemment le chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia dans une interview au Point.

Les amendements sur lesquels a planché des mois durant le groupe de travail mis en place en octobre dernier par le ministre de la Justice, Tayeb Belaïz, rendra-t-il enfin justice aux femmes trop longtemps victimes des retombées d'une loi inique et rétrograde?  Rien n'est moins sûr pour de très nombreux observateurs et pour les associations féminines qui n'ont eu de cesse de réclamer une abrogation pure et simple de cette loi. Si pour l'instant rien n'a filtré sur la teneur de ce nouveau texte, on peut d'ores et déjà avancer que ni l'article consacré à la polygamie, ni celui qui impose à la femme d'avoir un tuteur lors du mariage ne seront touchés. Ces deux points qui ont fait l'objet de débat au sein de la commission de réforme ont été finalement conservés tels quels dans son rapport remis fin janvier dernier au ministère de la Justice. Cette mouture préliminaire contient par contre des propositions sur l'établissement d'acte de mariage permettant aux futurs époux de s'entendre sur des points précis et particulièrement celui du partage des biens acquis durant la période du mariage ainsi que le travail de la femme. La commission a proposé que ce dernier élément ne soit plus un motif annulant le droit de garde des enfants pour la femme. Copiant sur le modèle tunisien, elle a également proposé la création d'un fonds public qui prendra en charge le paiement de la pension alimentaire lorsque l'époux est défaillant. Les experts ont aussi proposé l'élargissement des prérogatives des magistrats chargés du statut personnel dans la prise de décision concernant la garde des enfants et le montant de la pension alimentaire et l'obligation au mari qui demande le divorce de mettre à la disposition de son épouse un logement. En outre, la commission a émis la suggestion d'ajouter à l'article 53 du code de la famille, d'autres cas, en plus des sept existants où la femme peut demander le divorce, et de reformuler l'article 49 relatif à la réconciliation entre époux.

Recommandations

En somme, une série de recommandations sur des changements subsidiaires qui ne toucheront pas à l'essence de ce texte imposé aux femmes algériennes en 1984 par le FLN, parti unique. Faute de satisfaire les Algériennes, ces amendements sont conçus pour mettre un tant soit peu la loi algérienne en conformité avec les traités et les conventions internationales ratifiées par elle. Le Comité de la convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes (CEDAW) avait vivement interpellé l'Etat algérien sur les réserves exprimées par lui en 1999. En raison de l'étendue et de l'importance des thèmes qu'elles visent, ces réserves ont été jugées incompatibles avec l'objet et le but de cette convention. La CEDAW a recommandé à l'Algérie de «prendre le plus rapidement possible les mesures nécessaires pour retirer les réserves, adopter les mesures pour veiller à ce que les coutumes religieuses et culturelles n'entravent pas la promotion de la femme dans la société, de poursuivre les efforts en vue d'abroger les lois inégalitaires pour les aligner sur les dispositions de la convention, en collaboration avec d'autres groupes (ONG, intellectuels), d'accélérer le processus d'émancipation de la femme par des actions d'information et de sensibilisation de l'opinion publique». L'Algérie qui a ratifié la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes le 22 mai 1996, figure parmi les 56 pays qui n'ont encore jamais présenté de rapport sur les dispositions prises pour la mise en oeuvre de cette convention. Elle est aussi l'un des pays qui a émis le plus de réserves sur cette convention onusienne. L'Algérie a notamment émis des réserves sur l'article 2 qui recommande l'abrogation de toutes les dispositions pénales qui constituent une discrimination à l'égard des femmes. Tout en se déclarant disposée à appliquer les dispositions de cet article, l'Algérie a émis la condition qu'elles n'aillent pas à l'encontre des dispositions du code algérien de la famille. Les réserves algériennes ont également touché l'article 9.2 déclaré incompatible avec les dispositions du code de la nationalité algérienne et du code de la famille dans son article 41. Le gouvernement algérien a également déclaré les dispositions du paragraphe 4 de l'article 15 de la CEDAW concernant le droit de la femme à choisir sa résidence et son domicile contraires aux dispositions du chapitre 4 art 37 du code de la famille. Même traitement pour l'article 16 relatif à l'égalité entre homme et femme pour toutes les questions découlant du mariage et de sa dissolution, jugé comme allant à l'encontre des dispositions du code de la famille.

                                                                                        Par Monia Zergane  

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Le matin 2 juin 04

La mère aura le droit de garder le logement

Le projet de loi se rapportant à la révision du code de la famille, modifiant celui en vigueur depuis 1984, en Algérie, et décrié par des associations féminines et des organisations de défense des droits de l'Homme apporte plusieurs modifications, dont les plus importantes restent d'ordre juridique, apprend-on de sources proches du ministère de la Justice. Selon ces sources, le projet de modification de loi sera soumis à débat à l'APN.
Nous apprenons de source sûre que les modifications proposées par le ministère de la Justice stipulent que le logement en cas de divorce revient à celle ou celui qui obtiendra la garde des enfants.
Ce ne sera, si ce projet de modification de loi est approuvé, plus le père qui gardera obligatoirement le logement conjugal mais la mère si elle obtient le droit de la garde des enfants. Le père gardera le logement si la garde des enfants lui revient. L'autre proposition de modification proposée par le ministère de la Justice est la deuxième personne prioritaire pour la garde des enfants. Jusque-là, la deuxième personne bénéficiant du droit de la garde des enfants est la grand-mère. Le ministère de la Justice propose le père à la place de la grand-mère. En cas d'approbation de ce projet de loi, ce sera donc le père qui sera la deuxième personne pouvant prétendre à la garde des enfants, précise notre source qui ne manque pas de rappeler que le problème du divorce constitue l'un des drames vécus par la femme algérienne avec plus de 200 000 divorces depuis l'année 1990 à nos jours. Souvent, les mères se retrouvent avec leurs enfants dans la rue après le divorce.
F. S.

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