Le matin : Année 2004
Le Matin le 10
janvier 04
Le
chaâbi contre le code de la famille
26, prose combat
Les revendications féminines
peuvent mener à tout, jusqu'à la chanson. C'est ce qui est arrivé à
l'association Achrine sna barakat (20 ans Barakat). Engagée de l'autre côté
de la Méditerranée pour une citoyenneté sans demi-mesure pour les femmes,
elle part cette fois-ci en musique contre le code de la famille. Loin derrière
sa voisine tunisienne, bientôt distancée par la femme marocaine, l'Algérienne
traîne encore le boulet d'un code qui la range indéfiniment dans le mode
mineur, depuis 1984.
Mais c'est dans un accord majeur que des femmes d'ici et d'ailleurs se sont réunies
pour détourner le chaâbi, genre populaire éminemment masculin, vers des voies
inattendues. Dans un studio en France, elles ont décidé l'été dernier de
porter le chant de toutes les femmes qui voudraient changer de registre et
effacer les complaintes.
Une action chorale, qui a réuni des voix et pas des moindres. La Saharienne Aïcha
Lebgaâ, la diva du blues Hasna El Becharia, Keltoum El Aurassia, la guitariste
ibéro-andalouse Samia Diar, la berceuse Zohra N'soumer, Djura Mais aussi deux
femmes au caractère bien trempé, aussi à l'aise derrière un micro que devant
une caméra. Deux voix singulières, celles de Fettouma Ousliha et de Biyouna,
une femme qui a beaucoup souffert, une femme qui ne veut plus souffrir.
A côté des Algériennes, d'autres « copines » sont venues grossir les rangs
et donner du volume au refrain repris en chur. L'Argentine Barbara Luna, la
Gabonaise Annie Flore Batchiellilys, qui mêlent leurs superbes voix à celles
de Israhn, Faraka, sur une trame chaâbi. Chacune apporte sa couleur, tonalité
africaine, envolée chaouie, échappée salsa, tempo hip-hop. Toutes les
musiques sont déclinées pour la bonne cause. Sur une multitude de cordes et
quelques incursions de cuivre, elles tentent de casser le mur du son et sur un
texte engagé, « dégager » un code qui a mis des barreaux à l'horizon des
femmes.
Elles sont 26 au total à interpeller le juge dans les trois langues arabe, française
et tamazight, Wach dak yal Qadi ?, rejointes par Akli D., Bazou et Inaslyen.
« Ô juge qu'est-ce qui t'a pris ?/ Pourquoi as-tu peur de moi ?/Je suis debout
en toute saison/ Mes paroles sont sans venin ». Seulement voilà, le refrain
sonne comme une supplique non comme une exigence, l'initiative perd de son
mordant devant le politiquement correct et la revendication ramollie et s'étouffe
dans le consensus musical (par ricochet social).
Disponible en France depuis décembre dernier, le CD est aujourd'hui en Algérie,
distribué par le jeune label Belda Diffusion, et diffusé sur les ondes de la
Radio algérienne.
Produit par l'association 20 ans Barakat, le disque a bénéficié de la générosité
de Fonds de solidarité pour les luttes de libération sociale dans le
tiers-monde (SoliFonds), The Global Fund for Women, Droits et démocratie, tout
un chapelet d'associations et d'organisations non gouvernementales.
Yasmina Belkacem
Wach dak yal qadi, CD produit par l'association 20 ans Barakat, distribué par
Belda Diffusion
Yasmina Belkacem
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Le 8 mars 04
« Vingt ans
barakat ! », une campagne contre le code de la famille
Les associations féminines algériennes
et maghrébines (Maghreb Egalité), appuyées par Amnesty International et l'ONG
américaine National Democratic Institute for International Affairs (NDI), ont
animé hier une conférence de presse au siège du MDS pour relancer la campagne
de sensibilisation contre le code de la famille et présenter une alternative à
ce texte. L'opération « Vingt ans barakat ! » bouclera sa première année ce
jeudi.
Faisant coïncider cette sortie avec la journée internationale de la femme, les
associations féminines ont encore appelé à l'abrogation de cette loi. Voté
le 27 juin 1984 par l'APN, alors présidée par Abdelaziz Belkhadem, aujourd'hui
ministre des Affaires étrangères et chef de file du mouvement des redresseurs,
le texte a bouleversé les relations familiales et les valeurs de la société
algérienne. Les pleins pouvoirs accordés aux walis (tuteurs) ont davantage
fragilisé la femme. Célibataire, elle demeure sous l'autorité de l'homme le
plus proche de la famille. Mariée, l'unique recours pour elle et ses enfants
est souvent la rue lorsqu'ils deviennent indésirables. Divorcée, elle peut réclamer
et obtenir le droit de garde mais n'exerce aucune autorité administrative sur
ses enfants.
Pour parer à l'argument du vide juridique que provoquerait l'abrogation de ce
code, les associations féminines ont présenté une alternative construite sur
la base du droit positif. Les juristes de Maghreb Egalité proposent
les « 100 mesures et dispositions » de nature à soustraire le statut de la
femme du régime spécial qui est le sien. Cependant, les associations refusent
de le soumettre aux législateurs ni à aucun représentant du pouvoir.
« Nous préférons interpeller la population car les législateurs ne nous écoutent
pas », explique Yasmina Chouaki de l'association Tharwa Fadhma n'soumer. Le
collectif associatif choisit donc de cibler la société en lui donnant
l'information et l'outil qui l'aideront à faire pression sur les législateurs.
Pour contourner la difficulté de la communication avec les autorités et les
institutions, les associations organisent à travers la campagne « Vingt ans
barakat ! » (www.vingtansbarakat.org) des ateliers d'écriture pour les enfants
de 7 à 14 ans autour des thèmes de la citoyenneté et de la famille. Mais pour
le moment, l'initiative n'a trouvé d'animateurs que dans la ville d'Alger et
dans le village de Tigzirt (Tizi Ouzou). Le programme s'appuie également sur un
guide scolaire destiné aux enseignants et dédié à la promotion extrascolaire
de la citoyenneté.
Le bilan de la première année de la campagne contre le code de la famille
(lancée le 11 mars dernier) devrait être dressé dans les prochains jours,
affirme Yasmina Chouaki. Elle indique déjà que le disque Ouach eddak ya el
kadi, réalisé pour les vingt ans de lutte contre le code de la famille, a eu
un succès inespéré. D'autant que, privé du visa de l'ONDA (office des droits
d'auteur), il n'a pu être distribué dans le commerce. Produit par plusieurs
organisations féminines algériennes, maghrébines et internationales, le
disque a été vendu par des circuits détournés. Les recettes serviront à
financer les actions de « Vingt ans barakat ! »
A l'occasion du premier anniversaire du programme de sensibilisation, jeudi
prochain, les associations féminines et les ONG internationales remettront le
prix de la meilleure affiche de campagne. L'exposition des uvres des concurrents
et la cérémonie auront lieu au Centre d'information et de documentation aux
droits de la femme d'Alger (Cidef).
Katia Debbouz
Le
8 mars 2004
Association féminine
pour l'épanouissement de la personne et l'exercice de la citoyenneté (Afepec)
« Non au code inique ! »
L'Afepec célèbre la journée
du 8 mars 2004 sous le signe de « non au code inique ! Pour un code de la
famille à choix pluriel ! ».
Depuis 1984, date de promulgation du code de la famille, aucun changement n'est
intervenu ni dans le sens de la révision ni dans le sens de l'abrogation. Mieux
encore, il faut se rappeler que des ateliers mis en place par le gouvernement et
regroupant pour la première fois des associations de femmes aux objectifs différenciés
ont réussi à s'entendre sur un minimum de 22 articles à réformer, aucune
suite. C'est, de fait, l'impasse.
La revendication « d'abrogation du code de la famille et l'instauration de lois
civiles égalitaires » est portée haut depuis des années par une partie du
mouvement des droits des femmes. Elle n'a reçu aucun écho auprès des premiers
responsables de l'Etat. Mieux encore, une commission de travail et de réflexion
sur le code la famille est mise en place sans aucune représentation des
associations des droits des femmes.
Par ailleurs, la réalité sur vingt ans a changé. Les femmes ont gagné du
terrain. Le refus de la prise en compte de cette réalité nous amène, face à
l'impasse issue des positions de révision, d'abrogation ou de maintien en l'état
du code de la famille, à proposer une quatrième alternative celle liée au
choix du statut. C'est une solution pratique et démocratique qui mettrait en
place un code de la famille inscrivant la règle du choix. Ce qui laisserait la
liberté aux femmes et aux hommes de choisir le contrat par lequel ils désirent
être régis.
La paralysie du Pouvoir face à la question du code de la famille peut être
soignée en offrant la possibilité et l'opportunité à chaque femme de
s'inscrire dans le cadre de référence qui correspond aujourd'hui le mieux à
la position acquise sur le plan social depuis vingt ans.
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Le 08-03-2004
Famille codée
On se souvient de cette image
retransmise en direct à la télévision. C'était en 1999 à Tizi Ouzou. Une
femme a osé se lever dans la salle pour raconter, sans fard, ses conditions de
vie. Le Président, pris de colère, la rabroue et lui intime l'ordre de
reprendre sa place. 2002, des femmes de Hassi Messaoud ont été les victimes désignées
de la vindicte islamiste et la justice fit le reste en 2003. De légères peines
ont été retenues contre leurs agresseurs, enflammés par les prêches lancés
des mosquées. 2004, hier, le Président-candidat a pavoisé sur un code de la
famille qu'une commission obscure, installée avec empressement par ses soins
hors du cadre des institutions de la République, veut expédier tel un «
dossier » conçu, en ce terme, par le clan présidentiel. Cette commission «
ad hoc » est soucieuse surtout de prêter allégeance à Bouteflika qui n'a eu
de cesse d'accélérer les alliances avec l'islamisme armé dont les représentants,
promus avec emphase aux premiers postes de responsabilité de l'Etat, bloquent
et tuent dans l'uf, adeptes du FIS, tout germe d'ouverture du pays sur la
modernité. Les partis islamistes qui soutiennent ou non le Président-candidat
à la présidentielle s'opposent farouchement à l'abrogation du code de la
famille comme élément constitutif d'un Etat de droit.
D'ailleurs, le collectif Vingt ans, barakat !, qui a organisé hier une
manifestation, n'a pas manqué de dénoncer ce traquenard de plus, cette insulte
de trop. Bouteflika, en semant la discorde dans tout le pays, en piétinant les
lois de la République, s'apitoie sur le sort de la femme, use de ce ton
condescendant, lui rend hommage pour sa participation à la guerre de Libération.
Mais il n'y croit pas. Peu lui chaut le code de la famille, la liberté de la
presse, le droit syndical et l'Algérie pour tout dire. Il rêve d'un harem du règne
esclavagiste et est friand, certainement, de ces photos de femmes travesties par
le colon. Les femmes victimes du terrorisme, celles exploitées par les barons
de la rente, celles qui recherchent désespérément un boulot sans subir de
harcèlements sexuels, celles enfin qui écrivent sans être éditées, savent
que le discours de Bouteflika est une trahison à leur mémoire et à leur vie.
Rachid Mokhtari
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Le
9 mars 04
La
campagne Vingt ans
barakat ! poursuit ses activités
Dans le cadre des activités de
la campagne « Code de la famille 20 ans barakat ! », le collectif
d'associations (Collectif femmes MDS, Tharwa N'Fadhma N'Soumeur, association SOS
Femmes en détresse, association Volonté initiative et engagement (VIE),
Association défense et promotion des droits des femmes (ADPDF), Association indépendante
pour le triomphe des droits des femmes, l'AITDF) a lancé un concours de la
meilleure affiche sous le thème : « Rendre par le trait, l'image, la couleur
le vécu des femmes algériennes au quotidien dans ses aspects discriminatoires
sous-tendus par le code de la famille ». Une cérémonie sera donnée par les
associations lors de la remise des prix aux lauréats du concours au Centre de
documentation et d'information des droits des femmes (CDIDEF), jeudi 11 mars
2004 à 14 h (Sacré-Cur).
Programme
Chorégraphie danses folkloriques
Diffusion du clip Ouach edek ya el cadi
Prises de parole avec la salle
Remise des prix aux lauréats du concours de la meilleure affiche.
Collation
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Le 6 avril 04
Rassemblement
algérien des femmes démocrates
Majeures pour les voix, mineures pour les
droits !
«Notre pays se prépare
à élire un Président. La campagne électorale nous renvoie les échos de
promesses de toutes sortes. Comme d'habitude, les femmes en sont la cible. Quel
sort va être réservé au code de la famille qui a survécu, inchangé, à
maintes campagnes, promesses et velléités de changement ? Peut-on parler d'élections
« démocratiques » lorsque, sorties de l'isoloir, les femmes redeviennent les
mineures qu'elles n'ont cessé d'être depuis vingt ans. Sans les droits des
femmes, sans justice, de quelle démocratie s'agit-il ? Puisqu'elles n'ont
jamais été entendues par le passé, pourquoi nos voix compteraient-elles
aujourd'hui plus qu'hier ? Promettre ou mentir est un exercice qui n'a jamais
rien coûté aux pouvoirs successifs en Algérie depuis l'Indépendance. En
moins d'une année, commissions et séminaires se sont penchés sur le code de
la famille pour une hypothétique révision, sans aucun résultat tangible. Et
pour cause. Combien de fois avant-nous entendu que les droits des femmes n'étaient
pas une priorité. Mais ce qui est important aujourd'hui plus qu'hier, c'est de
pouvoir tenir leurs voix pour mieux les détourner. Les droits des femmes
peuvent attendre, la priorité étant toujours ailleurs. Un ailleurs qui fait de
notre pays le champion du dégoût de vivre pour les jeunes, filles et garçons,
qui n'ont qu'une envie : le quitter ou se suicider. Nous n'avons rien à
attendre de ce pouvoir. Notre citoyenneté, nous l'avons conquise dans les
maquis de la liberté face au colonialisme, dans notre résistance face à l'intégrisme,
dans notre vie au quotidien face à toutes les difficultés et les adversités.
Nous sommes citoyennes et revendiquons d'être reconnues comme telles par les
lois de notre pays. Continuons ensemble d'exiger l'abrogation du code de
l'infamie car aucun pouvoir ne nous fera de cadeau ! »
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le 19 avril 04
Dans son
discours d'investiture
Bouteflika est resté vague sur ses
intentions
Cinq points forts
ont constitué l'essentiel du premier discours d'Abdelaziz Bouteflika, après sa
prestation de serment : les leçons de l'élection présidentielle, la concorde
civile, la poursuite des réformes et la relance économique, le code de la
famille et les jeunes. Est-ce à dire que ces cinq points sur lesquels il a axé
son intervention constitueront les priorités d'un programme à venir ? Peut-être.
On observera, toutefois, qu'il a éludé les questions institutionnelles p; révision
de la Constitution, nouvelle configuration politique, libertés de la presse et
d'expression - qu'il avait pourtant abordées durant sa campagne électorale.
Tirant les enseignements de cette élection, le chef de l'Etat s'est borné à
souligner qu'elle s'est déroulée en toute liberté, qu'elle a permis « une réelle
mobilisation des citoyens », qu'elle a suscité « leur intérêt » pour les
affaires du pays et, que surtout, elle a montré « l'aptitude des Algériens à
s'accommoder de la démocratie » alors que par ailleurs, pour d'autres, « il a
fallu des siècles d'apprentissage et de lutte avant de se doter de systèmes démocratiques
». Autrement dit, et contrairement à ce qu'il avait déclaré dans des
entretiens aux médias occidentaux en 1999, où il assurait que les pays développés
ont mis deux siècles pour acquérir la culture démocratique, les Algériens
l'ont acquise en l'espace de cinq ans, sous son premier mandat ! Ceux qui
s'attendaient à ce que Bouteflika annonce un renforcement du processus démocratique
avec tout ce que cela implique en sont pour leurs frais. Sans qu'à aucun moment
il n'ait cité ses adversaires, voire à leur rendre hommage p; parce qu'en
acceptant de participer à ce scrutin, ils ont permis de légitimer son élection,
il a préféré tenir des propos rassurants, calmant le jeu, suggérant de
tourner la page. Les excès de langage p; dont lui-même a usé notamment
contre la presse indépendante et les laïcs p; sont mis au compte du « tempérament
» méditerranéen des Algériens ! Et que, désormais, il va falloir se «
supporter » et « débattre en toute sérénité de nos divergences ». Comment
? Dans quel cadre, alors que par ailleurs le champ politico-médiatique est
verrouillé ? Les Algériens ne le sauront pas.
Pour Bouteflika, la campagne électorale a également montré « que les préoccupations
concernant la sécurité passent désormais au second plan », et ce, parce que
le terrorisme a été « efficacement réduit à quelques poches de résistance
» mais aussi grâce à la concorde civile (voir l'article d'Abla Chérif).
Aussi se propose-t-il, sans donner d'indications précises, de « consolider les
résultats de la concorde civile » qui, à ses yeux, doit déboucher sur une «
véritable réconciliation nationale ».
Sur la nécessité de la poursuite des réformes et de la relance économique,
Abdelaziz Bouteflika est resté plutôt prudent, se bornant à indiquer qu'il
faut « préparer l'économie de l'après-pétrole ». N'écartant pas la
privatisation, il a estimé qu'il « ne saurait s'agir de brader le patrimoine
national » ou « dessaisir la puissance publique des intérêts stratégiques
de la nation ». Toutefois, il n'a donné aucune indication claire concernant le
projet de loi sur les hydrocarbures. Ce qui signifie que le pouvoir n'y a pas
totalement renoncé. Concernant le code de la famille, il a affirmé que l'on ne
peut pas « accepter que la femme algérienne soit soumise à un statut qui
porte atteinte à ses droits et la condamne à une condition inférieure à
celle de l'homme ». Soit. Mais là encore, il a fait montre de prudence, se
contentant d'appeler les femmes à contribuer à la lutte pour leurs droits. En
vérité, la démarche d'Abdelaziz Bouteflika lui interdit de satisfaire le
droit des femmes à la citoyenneté parce qu'elle heurte de front son objectif
de réconciliation nationale. Il va sans dire que les islamistes n'accepteront
la réconciliation qu'à la seule condition qu'elle ne remette pas en cause
leurs convictions politico-idéologiques, à commencer par le statut de la
femme. Le MSP, qui fait partie de l'Alliance présidentielle ainsi que les «
redresseurs du FLN », dont la composante est majoritairement
islamo-conservatrice, sont on ne peut plus clair sur cette question : pas touche
au code de la famille !
Sur la Kabylie, hormis un appel au dialogue, le chef de l'Etat n'a fait aucune
proposition nouvelle susceptible de débloquer la crise. Quant à la jeunesse,
s'il a consenti enfin à admettre qu'à l'heure de la mondialisation et d'internet,
elle pense autrement que ses aînés, il va lui falloir rapidement répondre à
ses attentes, parce que s'il y a une catégorie de la population qui ne croît
plus au discours à connotation nationaliste, ce sont bien les jeunes. Une
simple enquête démontrera rapidement que les 8 millions d'abstentionnistes
sont majoritairement jeunes. En résumé, ce premier discours d'Abdelaziz
Bouteflika risque de laisser cette majorité d'Algériens, en attente de décisions
concrètes concernant l'avenir immédiat, sur leur faim.
Hassane Zerrouky
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Le
matin ( avril 04)
Amendement
du code de la Famille 1 De la poudre aux yeux La nouvelle mouture du code de 'la
famille sera bientôt présentée à l'Assemblée populaire nationale, a annoncé
récemment le chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia dans une interview au Point.
Les
amendements sur lesquels a planché des mois durant le groupe de travail mis en
place en octobre dernier par le ministre de la Justice, Tayeb Belaïz,
rendra-t-il enfin justice aux femmes trop longtemps victimes des retombées
d'une loi inique et rétrograde? Rien n'est moins sûr pour de très nombreux observateurs et pour les
associations féminines qui n'ont eu de cesse de réclamer une abrogation pure
et simple de cette loi. Si pour l'instant rien n'a filtré sur la teneur de ce
nouveau texte, on peut d'ores et déjà avancer que ni l'article consacré à la
polygamie, ni celui qui impose à la femme d'avoir un tuteur lors du mariage ne
seront touchés. Ces deux points qui ont fait l'objet de débat au sein de la
commission de réforme ont été finalement conservés tels quels dans son
rapport remis fin janvier dernier au ministère de la Justice. Cette mouture préliminaire
contient par contre des propositions sur l'établissement d'acte de mariage
permettant aux futurs époux de s'entendre sur des points précis et particulièrement
celui du partage des biens acquis durant la période du mariage ainsi que le
travail de la femme. La commission a proposé que ce dernier élément ne soit
plus un motif annulant le droit de garde des enfants pour la femme. Copiant sur
le modèle tunisien, elle a également
proposé la création d'un fonds public qui prendra en charge le paiement de la
pension alimentaire lorsque l'époux est défaillant. Les experts ont aussi
proposé l'élargissement des prérogatives des magistrats chargés du statut
personnel dans la prise de décision concernant la garde des enfants et le
montant de la pension alimentaire et l'obligation au mari qui demande le divorce
de mettre à la disposition de son épouse un logement. En outre, la commission
a émis la suggestion d'ajouter à l'article 53 du code de la famille, d'autres
cas, en plus des sept existants où la femme peut demander le divorce, et de
reformuler l'article 49 relatif à la réconciliation entre époux.
Recommandations
En somme, une série de recommandations
sur des changements subsidiaires qui ne toucheront pas à l'essence de ce texte
imposé aux femmes algériennes en 1984 par le FLN, parti unique. Faute de
satisfaire les Algériennes, ces amendements sont conçus pour mettre un tant
soit peu la loi algérienne en conformité avec les traités et les conventions
internationales ratifiées par elle. Le Comité de la convention sur l'élimination
de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes (CEDAW) avait
vivement interpellé l'Etat algérien sur les réserves exprimées par lui en
1999. En raison de l'étendue et de l'importance des thèmes qu'elles visent,
ces réserves ont été jugées incompatibles avec l'objet et le but de cette convention. La CEDAW a recommandé à
l'Algérie de «prendre le plus rapidement possible les mesures nécessaires
pour retirer les réserves, adopter les mesures pour veiller à ce que les
coutumes religieuses et culturelles n'entravent pas la promotion de la femme
dans la société, de poursuivre les efforts en vue d'abroger les lois inégalitaires
pour les aligner sur les dispositions de la convention, en collaboration avec
d'autres groupes (ONG, intellectuels), d'accélérer le processus d'émancipation
de la femme par des actions d'information et de sensibilisation de l'opinion
publique». L'Algérie qui a ratifié la Convention sur l'élimination de toutes
les formes de discrimination à l'égard des femmes le 22 mai 1996, figure parmi
les 56 pays qui n'ont encore jamais présenté de rapport sur les dispositions
prises pour la mise en oeuvre de cette convention. Elle est aussi l'un des pays
qui a émis le plus de réserves sur cette convention onusienne. L'Algérie a
notamment émis des réserves sur l'article 2 qui recommande l'abrogation de
toutes les dispositions pénales qui constituent une discrimination à l'égard des femmes. Tout
en se déclarant disposée à appliquer les dispositions de cet article,
l'Algérie a émis la condition qu'elles n'aillent pas à l'encontre des
dispositions du code algérien de la famille. Les réserves algériennes ont également
touché l'article 9.2 déclaré incompatible avec les dispositions du code de la
nationalité algérienne et du code de la famille dans son article 41. Le gouvernement algérien a également
déclaré les dispositions du paragraphe 4 de l'article 15 de la CEDAW
concernant le droit de la femme à choisir sa résidence et son domicile
contraires aux dispositions du chapitre 4 art 37 du code de la famille. Même
traitement pour l'article 16 relatif à l'égalité entre homme et femme pour
toutes les questions découlant du mariage et de sa dissolution, jugé comme
allant à l'encontre des dispositions du code de la famille.
Par Monia Zergane
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Le
matin 2 juin 04
La mère aura le droit de
garder le logement
Le projet de loi se rapportant
à la révision du code de la famille, modifiant celui en vigueur depuis 1984,
en Algérie, et décrié par des associations féminines et des organisations de
défense des droits de l'Homme apporte plusieurs modifications, dont les plus
importantes restent d'ordre juridique, apprend-on de sources proches du ministère
de la Justice. Selon ces sources, le projet de modification de loi sera soumis
à débat à l'APN.
Nous apprenons de source sûre que les modifications proposées par le ministère
de la Justice stipulent que le logement en cas de divorce revient à celle ou
celui qui obtiendra la garde des enfants.
Ce ne sera, si ce projet de modification de loi est approuvé, plus le père qui
gardera obligatoirement le logement conjugal mais la mère si elle obtient le
droit de la garde des enfants. Le père gardera le logement si la garde des
enfants lui revient. L'autre proposition de modification proposée par le ministère
de la Justice est la deuxième personne prioritaire pour la garde des enfants.
Jusque-là, la deuxième personne bénéficiant du droit de la garde des enfants
est la grand-mère. Le ministère de la Justice propose le père à la place de
la grand-mère. En cas d'approbation de ce projet de loi, ce sera donc le père
qui sera la deuxième personne pouvant prétendre à la garde des enfants, précise
notre source qui ne manque pas de rappeler que le problème du divorce constitue
l'un des drames vécus par la femme algérienne avec plus de 200 000 divorces
depuis l'année 1990 à nos jours. Souvent, les mères se retrouvent avec leurs
enfants dans la rue après le divorce.
F. S.
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